L’auteur et musicien rwandais Gaël Faye a été récompensé par le prestigieux Prix Renaudot 2024 pour son roman « Jacaranda », publié en septembre. L’annonce a été faite le lundi 4 novembre, au célèbre restaurant parisien Drouant.
Le roman « Jacaranda » se distingue par sa narration puissante explorant les effets du génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda et son impact sur les générations actuelles et futures. Gaël Faye, âgé de 42 ans et également connu pour son talent dans le hip-hop, a créé une œuvre qui aborde des thèmes universels tels que le traumatisme, la mémoire et la guérison.
« Jacaranda » est le deuxième roman de Faye après « Petit Pays ». Il suit les vies de jeunes Rwandais et de personnages de la diaspora, aux prises avec le poids de l’histoire. Le récit central commence avec Milan, un jeune homme né en France d’un père français et d’une mère rwandaise qui garde le silence sur son passé.
Le voyage de Milan le mène de Versailles, où il a découvert pour la première fois l’histoire tragique du Rwanda à la télévision, à Kigali, où il renoue avec sa famille et la vie vibrante du pays. À travers les yeux de Milan, les lecteurs rencontrent des personnages marqués par le génocide mais déterminés à aller de l’avant, dont Claude, un survivant du même âge que Milan, que la famille de Milan accueille temporairement.
Le retour de Milan au Rwanda à l’âge adulte le confronte aux efforts de réconciliation du pays, des « tribunaux Gacaca » aux rassemblements vibrants et colorés de ceux qui reconstruisent leur vie.
Stella, une enfant de l’après-génocide
L’un des personnages les plus touchants de « Jacaranda » est Stella, la jeune cousine de Milan, née seulement quatre ans après le génocide. Sa mère, Eusébie, qui a également perdu des enfants lors des violences, est déterminée à offrir à Stella une vie sans tragédie, bien que ce désir soit empreint de sa propre douleur non exprimée.
Stella, représentant une nouvelle génération, grandit dans un Rwanda en transformation, portant le poids de l’histoire sans la comprendre pleinement. À travers elle, Faye capture la lutte d’être un « enfant de l’après-génocide », quelqu’un né à l’ombre de la douleur mais censé incarner la résilience.
Un texte contre l’oubli
Le roman de Faye est décrit comme « un texte contre l’oubli ». Par « Jacaranda », il rappelle aux lecteurs l’importance de reconnaître le passé et d’écouter ses leçons, même lorsqu’elles sont douloureuses. Ce thème a résonné avec le jury du Prix Renaudot, qui a honoré la représentation nuancée de la mémoire et des traumatismes générationnels par Faye.
Le titre du roman, « Jacaranda », évoque la beauté et la résilience de l’arbre jacaranda, qui fleurit dans le sol rwandais malgré les difficultés. L’histoire suggère également que, bien que les cicatrices du passé subsistent, la vie continue de fleurir, et que les jeunes générations peuvent façonner un avenir prometteur tout en respectant le poids de leur héritage.
Né au Burundi d’une mère rwandaise et d’un père français, Gaël Faye a passé la dernière décennie au Rwanda, profondément attaché à ses racines. Connu internationalement pour sa musique et sa littérature, il a fait ses débuts littéraires en 2016 avec « Petit Pays », un roman semi-autobiographique qui raconte l’histoire de Gabriel, un jeune garçon pris dans la guerre civile au Burundi. « Petit Pays » a remporté de nombreux prix, vendu plus de 1,5 million d’exemplaires et a été adapté en film et en bande dessinée.
Le Président français Emmanuel Macron a également loué Faye, soulignant comment son travail démontre le pouvoir de la langue française à transmettre à la fois beauté et tragédie. Ainsi, cette victoire met en lumière son double talent d’écrivain et de musicien qui a déjà relié cultures, langues et générations, rendant son histoire profondément connectée avec les lecteurs du monde entier.